Présentation

L’église paroissiale Saint-Austrégésile est située dans la commune Mussy-sous-Dun, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Administrativement, la commune de Mussy-sous-Dun fait partie du canton de Chauffailles et de la Communauté de communes de La Clayette-Chauffailles en Brionnais. L’église de Mussy-sous-Dun est placée sous le vocable de Saint Austrégésile, qui fut évêque de Bourges au début du VIIe siècle. Cette église fortement remaniée n’a conservé de l’époque romane que la travée de chœur et l’abside.

Du point de vue étymologique, le nom de Mussy pourrait dériver de mont, avec le suffixe -iacum (2).
Ou bien Mussy-sous-Dun pourrait tenir son nom de deux éléments topographiques : le Mussy ou ruisseau de Propières (commune du Rhône où il prend sa source) et la montagne de Dun qui culmine à 736 mètres.

Austrégésile est peut être né à Bourges en 551 dans une famille wisigothe. Grégoire de Tours en fait le compagnon de ses études. Il est élevé dans la culture des lettres et de l'Écriture sainte, il est attaché à la cour du roi Gontran, puis il quitte la cour et embrasse la vie ecclésiastique.

Il est sacré évêque de Bourges, en le 13 février 612. Il semble être le premier archevêque d'ascendance wisigothe, tous les archevêques antérieurs, y compris son prédécesseur Apollinaire, sont issus d'une famille romaine. Il meurt le 20 mai 624 et il est fêté le 20 mai. Il bénéficie, ainsi que son successeur saint Sulpice, d'une hagiographie abondante dès la période mérovingienne (3).

Historique

Sous l’Ancien-Régime, le marquis d’Anglure possédait des droits seigneuriaux dans la paroisse de Mussy. Le château, démoli en partie durant la Révolution, a perdu l’essentiel de ses fortifications et ne subsiste plus que sous l’aspect d’une simple habitation bourgeoise.
L’ordre des Hospitaliers de Saint Jean de Jérusalem possédait, autrefois, une école appelée Préceptorerie qui dépendait de la Province d’Auvergne (4).

Description architecturale

L’église paroissiale de Mussy-sous-Dun, au cœur du bourg, possède une nef reconstruite au XIXe siècle et un chevet roman.L’église paroissiale de Mussy-sous-Dun, au cœur du bourg, possède une nef reconstruite au XIXe siècle et un chevet roman. Pour Jean Virey, qui décrit brièvement l’église, les parties orientales, chapelles latérales comprises, dateraient du milieu du XIIe siècle (5). Anne-Marie Oursel, dans une description plus détaillée, dans sa fiche de pré-inventaire, après avoir consulté la série O des ADSL, avance l'hypothèse que la nef fut construite vers 1840 et le clocher après 1845. Elle estime que les chapelles latérales du chœur sont contemporaines de la nef, tandis que la travée de chœur et l'abside datent de la fin de l'époque romane (6). Cette hypothèse de datation est validée par Neil Stratford qui place le décor de l'abside de Mussy dans la continuité de celui du porche de Charlieu (7).

L'église est orientée. Elle comporte une nef principale, édifiée vers 1840, et deux bas-côtés, une travée de chœur romane, encadrée par deux chapelles modernes, et une abside romane semi-circulaire. Les cinq travées de la nef sont voûtées d’arêtes et séparées par des arcs doubleaux en cintre surbaissé, tandis que les bas-côtés sont plafonnés. La nef communique avec les collatéraux par de grandes arcades en plein cintre qui retombent sur des piliers ronds par l’intermédiaire de tailloirs moulurés.  La nef principale communique avec la travée de chœur par une grande arcade en cintre brisé. Celle-ci est voûtée d’arêtes ainsi que les deux chapelles. L’abside romane, en cul-de-four brisé, est ornée par une série de cinq arcatures en plein cintre qui retombent sur des pilastres ou des colonnettes. Au-dessus, règne une corniche ornée de deux rangs de perles plates sur le chanfrein. Tous les arcs de l’abside sont percés d'une baie. Au XIXe siècle, la construction du clocher a entraîné des transformations : la baie axiale a été remplacée par une porte donnant accès à la base du clocher. Toutefois, on conserve la partie haute de la baie qui a été bouchée et convertie en niche. 

La travée de chœur romane est encadrée par quatre arcades en cintre brisé et les arcs nord, sud et ouest sont à double rouleaux, portés par des pilastres. L'arc triomphal paraît roman car ses blocs sont layés et ses impostes sont ornées du double cordon de perles observé dans l'abside.
Les arcades nord et sud ont été percées au moment de la construction des chapelles latérales au XIXe siècle. Le mur oriental des chapelles s'appuie contre les contreforts romans qui épaulaient la travée de chœur, et dont les blocs portent des traces d’outils anciens. La face nord de la pile sud-ouest du chœur reçoit la retombée de l'arc triomphal. Sur sa face sud, elle constitue le piédroit d'une grande baie percée dans le mur ouest de la chapelle. Sur sa face ouest se trouve une colonne engagée appartenant aux grandes-arcades de la nef moderne. Il est possible que cette colonne engagée masque l'arrachage du mur gouttereau de la nef romane. Autrement dit, la nef primitive devait correspondre, en largeur, au vaisseau central actuel. Les mêmes observations sont possibles sur la pile nord-ouest du chœur. En définitive, la travée de chœur romane était encadrée par quatre contreforts ce qui est assez classique, et ils ont tous été maintenus et englobés dans la nouvelle construction.

Le clocher, édifié à l’est du chevet, est partiellement construit sur l'abside. Il date de la deuxième moitié du XIXe siècle.  De plan carré, il est coiffé d’une haute flèche en ardoises.

Inventaire décor & mobilier

La statuaire en plâtre polychrome est de style Saint Sulpice et représentent le Curé d’Ars, le Sacré-Cœur, Notre Dame de Lourdes, saint Joseph, saint Antoine de padoue et saint François d’Assise, sainte Thérèse de Lisieux et une Vierge reine à l’Enfant. On trouve également un grand Christ en Croix et, à l’entrée de l’église, à gauche, le baptistère avec au-dessus une grande toile, abîmée, représentant le baptême de Jésus par saint Jean-Baptiste. On observe, dans la chapelle gauche, la statue de saint Austrégésile, patron de la paroisse. Sous les fenêtres de l’abside, on a conservé les boiseries où s’installait autrefois le chœur de chant.

Dans la nef trône une belle chaire à prêcher dont les panneaux sculptés représentent, de manière très vivante, les quatre évangélistes : saint Luc accompagné d’un taureau, saint Matthieu d’un ange, saint Jean d’un aigle et saint Marc d’un lion. Deux vitraux colorés et historiés figurent l’apparition de Notre-Dame de Lourdes à Bernadette Soubirous et l’apparition du Sacré-Cœur à Sainte-Marguerite Marie Alacoque. Ils sont signés du maître verrier P. Campagne (Lyon), et datent de 1936.

En conclusion L'église de Mussy a été relativement ignorée par les chercheurs, alors qu'elle conserve son abside et sa travée de chœur romanes, et que la visite pastorale de 1746 permet de restituer une nef unique qui pourrait être celle d'origine. Certes, les dispositions romanes de la travée de chœur ont été passablement gommées par les adjonctions postérieures, mais il est intéressant de constater que les bâtisseurs du XIXe siècle ont conservé ses quatre contreforts comme étais et appuis pour leurs nouvelles constructions. L'abside, en revanche, est bien conservée, et elle possède un riche décor permettant de placer l'église dans la filiation de l'avant-nef de Charlieu (cordons de perles, arcature de l'abside dotée de pilastres, compositions des chapiteaux, motifs ornant les fûts des pilastres).

Visites

L'église est ouverte à la visite.

Iconographie ancienne

Plans cadastraux

Actualités de la commune

La Mairie :
Le Bourg 71170 Mussy-sous-Dun
Téléphone : 03 85 26 00 20
Email : secretariat.mairie.mussy@wanadoo.fr

Patrimoine local

Viaduc

La curiosité touristique de ce village est son imposant viaduc ferroviaire qui fut érigé entre 1892 et 1895. Avec une longueur de 561 mètres, une hauteur de 63 mètres et ses 18 arches, le viaduc de Mussy est sans doute l'un des plus importants et spectaculaires ouvrages de pierre construit pour les besoins des chemins de fer au XIX^e siècle.

Une aire de jeux pour enfants de moins de 6 ans et une aire de loisirs accueillent les familles grâce au financement reçus de l'Union Européenne et de la communauté de communes. L'aire de loisirs adaptée pour les plus grands, offre un parcours santé et un parcours VTT dans un cadre bucolique, au pied du viaduc de Mussy et au bord de la rivière. De nombreuses tables de pique-nique accueillent les familles locales et les touristes.

Toutes les images

Notes

 1 : Le texte sur l’église de Mussy-sous-Dun a été rédigée d’après la notice : Nicolier, Anelise, La construction d’un paysage monumental religieux en Brionnais à l’époque romane, thèse de doctorat, Lyon 2, Tome 3, Vol. 2, Corpus, p. 275-285, 2015.

2 : TAVERDET, Gérard, Noms de lieux de Bourgogne, éditions Bonneton, Paris, 1994, p. 147.

3 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Austr%C3%A9g%C3%A9sile_de_Bourges

4 : DUBOIS, Maxime, Monographie des communes du Charollais et du Brionnais, Charlieu, Les éditions de la Tour G.I.L.E., 1989, réédition de l’ouvrage de 1904, p. 141-142.

5 : VIREY 1935, p. 346. Une description de J. Virey avait été publiée avant 1904 dans le t. XVII des Mémoires de la Société éduenne sous le titre « Les architectures romanes dans l'ancien diocèse de Mâcon ».

6 : Fiche publiée dans OURSEL R. 1995, p. 109-118.

7 : STRATFORD 1998, p. 292.

Sources

• XIV^e Mention de la curatus Mutiaci. Diocèse de Mâcon, archiprêtré de Beaujeu. Source: Compte du XIV^e

• XV^e Mention de I'ecclesia Muciaci. Patron : le chapitre de Mâcon. Source : Pouillé antérieur à 1412

• 1513 Mention de l'ecclesia Mussiaci. À la présentation du chapitre de l'église de Mâcon. Source : Pouillé de 1513

• 1672 Visite pastorale de l'église Saints-Jacques-et-Philippe, sous l'épiscopat de Michel Colbert de Saint-Pouange. Nominateur : chapitre de la cathédrale de Mâcon. Collateur  : évêque de Mâcon. Source : ADSL- 4G 6

• 1705 Visite pastorale par !'archiprêtre de Charlieu. Source : ADSL- G77

• 1746 Visite pastorale de l'église Saint-Austrégésile par l'évêque de Mâcon. Nominateur : chapitre de la cathédrale de Mâcon. Source éditée : DECHELETTE (éd.) 1898-1902, 3e série, t.7, p. 362-374 Biblio : Fiche de préinventaire 1970-90 (ADSL- 5Fi 327) Remarque : en 1672, l'église était dédiée aux saints Jacques et Philippe.

• 1757 Réponse donnée par le curé lors de l'enquête lancée pour établir la carte de Cassini. Vocable : Saint-Austrilege. Source éditée : DESSERTENNE, GEOFFRAY (éd.}, 2010, p. 257-258 

• 1777 En 1776, les habitants de Mussy-sous-Dun demandent l'agrandissement de l'église. L'expert Zola visite l'église le 15/07/1776 et reconnaît qu'elle est trop petite pour contenir la population. Il dresse un devis d'un montant de 4327 Frs pour «  L’agrandissement et les réparations ». Les travaux sont adjugés le 24/04/1777 (pour 2280 Frs) et achevés en avril 1779. En juillet 1779, les travaux réalisés sont déclarés conformes au devis. L'agrandissement a été financé à 90 % par les habitants, et non par les décimateurs, ce qui indique que c'est la nef qui a été agrandie. Source : ADSL- C 315, pièce 38

• 1829 Représentation de l'église sur le cadastre. Source : ADSL- cadastre napoléonien, section A2, n° 951

• v.1840 • Les pièces relatives à la construction de la nef actuelle ne sont pas conservées aux archives départementales. Cependant, dans une fiche de renseignements statistiques rédigée par le maire en 1845, il est écrit : « L'église est bâtie de 5 à 6 ans », ce qui situe la réalisation de la nef vers 1839-1840. Il paraît logique que les chapelles qui encadrent la travée de chœur soient contemporaines de la nef. En 1845, le maire ajoute que le clocher, lui, n'a pas pu être réalisé : « Il y manque le clocher que la commune ne peut faire à cause de son épuisement pour les dépenses de l'église et de la grêle de 1842 et 1844, et du désastre de l'ouragan de 1842. Pour construire ledit clocher conformément à l'église, il faudrait environ 8000 Frs ». Or, le clocher figure sur une photographie prise par le frère Maxime Dubois à la fin du XIXe siècle : par conséquent, le clocher a été construit au cours de la deuxième moitié du XIX^e siècle. Source : dans la fiche de pré-inventaire, A.-M. Oursel indique la cote ADSL- 0 1407, mais en 2011 le document ne se trouvait plus dans ce dossier. Biblio : Fiche de pré-inventaire 1970-90 (ADSL- 5Fi 327)