Eglise Saint-Etienne
| Adresse | Le Bourg, 71340 Melay | |
| Teritoire | Le Charolais Brionnais | |
| Coordonnées géographique | 4.01537, 46.2137 | |
| Paroisse de rattachement | Paroisse Saint-Hugues-en-Brionnais-Bords-de-Loire | |
| Protection Monuments historiques | Non |
Description architecturale
L’église Saint-Etienne de Melay a été profondément remaniée. De l'édifice médiéval ne subsistent que la travée sous clocher, qui sert aujourd’hui de porche, ainsi que quatre chapiteaux utilisés en remploi dans l'abside moderne. La nef et l’abside ont été reconstruites au XIXe siècle.
L’église de Melay a surtout été étudiée pour les chapiteaux romans conservés dans l’église. François Ginet-Donati a été le premier, en 1914, à les décrire et à identifier plus ou moins bien les thèmes et proposer des liens avec la sculpture d'autres églises. En1991, Neil Stratford a publié un article majeur sur l'atelier du Donjon (église de Neuilly-en-Donjon) auquel il attribue également la réalisation des chapiteaux de Melay ; il complète son étude en 2008 après la découverte du portail de l'églisedeChassenard.En2011,danssonouvragesurlasculpturedeCluny,ilconsacrequelques lignes aux deux chapiteaux de la travée sous clocher de Melay qu'il met en lien avecceux duportailsuddeVézelay. NeilStratford procède à uneanalyseiconographique,et il identifie deux épisodes issus du livre de Daniel, que François Ginet-Donati n'avait pas identifié. Cette analyse a été confirmée par Marcello Angheben en 2003 (5).
L'église qui apparait sur le cadastre de 1838 se compose d’une nef unique prolongée par une travée de chœur et une abside. Ce sont les trois parties quiconstituaientl'église romane àl'origine. Un clocher s'élevaitsur la travée de chœur (6).Pierre Dru écrit que l'église était « longue etétroite, plutôt basse », mais nous ne savons pas sur quelles sources il s'appuie (7).Le chevet et le clocher romans sont visibles sur le cliché de 1861 reproduit ci-dessous. De cet état, il ne subsiste actuellement que la travée de chœur.
Sur le cadastre de 1838, on observe un grand espace rectangulaire au nord. D’après le frère Maxime Dubois : « En 1691, le curé Gilbert Bailly fit terminer la chapelle de la Sainte-Vierge ainsi qu'une grande sacristie, comme en font foi deux inscriptions lapidaires ; ce qui agrandissait l'église du côté nord de la longueur de l'édifice et de la largeur d'une petite nef (8) ».
Les travaux de 1858-1900
L'abside, la travée de chœur et le clocher romans sont conservés, mais une nouvelle nef est construite par l'architecte André Berthier. Dans le décompte des travaux dressé en 1857, il est indiqué que « les anciens murs de la nef et du collatéral » ont été démolis (le terme collatéral correspond à la chapelle de la Sainte-Vierge et à la sacristie). Dans ce même décompte, est signalée l'utilisation de « grosses colonnes et dosserets », on peut en déduire qu'on construisit une nef à trois vaisseaux avec de « grosses colonnes » séparant le vaisseau central des bas-côtés, et des « dosserets » utilisés dans les bas-côtés ou au revers de la façade.
En 1880, l’abside romane est détruite, mais la travée sous clocher est conservée. La nef est allongée de deux travées vers l'ouest, et on construit, dans le prolongement, une abside encadrée d'absidioles. En 1900, « la grande porte fut percée dans le mur de la façade élevée à l'emplacement de l'ancienne abside » (9).
La partie romane aujourd’hui
La travée sous le clocher est couverte d'une voûte en plein cintre. Le mur nord laisse apparaître une grande arcade en plein cintre, manifestement moderne : elle correspond à un passage qui donnait accès aux agrandissements du XVIIe siècle. Le mur sud montre, en bas, quelques claveaux correspondant à une ancienne porte romane et, au-dessus, à une grande fenêtre romane à double ébrasement. Les deux arcs, est et ouest, sont tout à fait différents. A l'est, un arc en plein cintre assez épais, décoré deux colonnes à base et chapiteau, placées dans des échancrures des montants. L'arc occidental est un arc brisé à double rouleau, le doubleau reposant sur des chapiteaux portés par des colonnes engagées. Cet arc brisé laisse supposer que la nef antérieur à la reconstruction était sensiblement plus récente que la travée sous clocher. Toutes les parties romanes sont en calcaire jaune, et proviennent sans doute des carrières proches d'Iguerande. (10)
La partie XIXe siècle
L’église de Melay est un édifice assez vaste, tout en longueur, et très lumineux. Il comporte une longue nef à 7 travées, flanquée de deux bas-côtés. La nef et les bas-côtés se prolongent par une abside centrale et deux absidioles latérales. L’absence de transept accentue l’effet d’allongement. La nef communique avec les bas-côtés par l’intermédiaire de grandes arcades en plein cintre qui retombent sur des piles rondes par l’intermédiaire de gros chapiteaux ornés de motifs végétaux.
A l’extérieur, L’église de Melay est construite en belles pierres calcaire appareillées, de couleur ocre, que l’on retrouve dans toute cette partie occidentale du Brionnais. Le style néo-roman est particulièrement visible en façade. Le portail d’entrée, à l’est, comporte un tympan nu encadré par une archivolte en plein cintre dont les deux voussures retombent, latéralement, sur des colonnes dont les chapiteaux sont simplement ornés et les bases moulurées.
Le clocher, de plan carré, comporte un seul étage de baies, surmonté par une pyramide à quatre pans, couverte en ardoises. Sur chacune des faces, s’ouvrent deux baies jumelles, de style néo-roman. Il est bâti à la même place que l’ancien clocher roman (photo de 1831), au-dessus de la travée de chœur. Il n’est donc pas impossible qu’il subsiste au sein de la tour des maçonneries romanes.
Inventaire Décor sculpté roman
L'abbé Cucherata connul'ancienneégliseetla décritainsi : «Pauvrepetite église, qu'il me semble encore revoir dans la pénombre adoucie de mes premiers souvenirs d'enfance, avec ses vieilles sculptures, ses chapiteaux historiés soit de personnages bibliques, soit de diablotins grimaçant, soit de damnés hurlant de douleur, soit d'allégories et de scènes symboliques et même quelque peu grotesques » (11).
L'arcade qui ouvrait autrefois sur l'abside est portée par deux colonnes ornées de chapiteaux sculptés ; ces chapiteaux sont situés dans un angle de sorte que seules deux faces sont ornées :
Sur le chapiteau sud est sculptée une sirène à queue divisée en deux parties, en position frontale. D'après Marcello Angheben, la sirène-poisson évoque la luxure (12).
Le Chapiteau nord : dans l'angle de la corbeille un homme est assis, tenant sa tête dans ses mains. D'après Marcello Angheben, l'homme est un pécheur châtié « criant envahi par la végétation qui l'environne » (13).
Neil Stratford établit un parallèle entre ces deux représentations et un chapiteau du portail sud de la façade de Vézelay sur lequel on voit « une sirène-poisson masculin tenant un rebec (instrument de musique médiéval et de la Renaissance, de la famille des vièles) devant une petite figure nue accroupie qui se bouche les oreilles » (14).
Dans l'abside du XIXe siècle prennent place quatre colonnettes romanes avec leurs chapiteaux et bases, qui pourraient provenir de l'arcature de l'abside primitive (15). Ces chapiteaux étaient appliqués contre une paroi, ils sont donc sculptés sur trois faces (16) :
Chapiteau 1
« Deux oiseaux monstrueux saisissant un homme : ces oiseaux possèdent une crête et une barbette, et ils sont une queue de reptile qui se termine par une tête, laquelle crache ou avale des feuillages. Ces volatiles se tiennent symétriquement de part et d'autre d'un homme nu : ils ont saisi ses bras dans leur bec et ont posé une patte antérieure sur la jambe correspondante » (17). Pour François Ginet-Donati, les oiseaux sont des paons. Il voit « dans cette composition une personnification de l'orgueil. Le paon étant chez les anciens le symbole de l'immortalité et du bonheur éternel ». Toujours selon François Ginet-Donati, « le dessin stylisé de ces animaux n'a pu être créé par le sculpteur clunisien, c'est un emprunt direct fait aux tissus orientaux qui nous parvenaient de Byzance, et peut-être même qu'en exécutant ce travail, l'artiste avait sous les yeux une de ces étoffes » (18). Pour Marcello Angheben, l'homme est un pêcheur châtié (19).
Chapiteau 2
il s'agit d'une représentation du péché originel. « Sur la face latérale droite, le serpent s'enroule autour de l'arbre du paradis. Au centre du chapiteau, Ève cueille un fruit de cet arbre, tandis qu'une feuille qui s'écarte d'un arbre situé à sa droite, vient cacher sa nudité. Sur la face latérale gauche, Adam prend le fruit que lui tend Ève et porte l'autre main à la gorge. Une autre branche de l'arbre situé à l'angle gauche lui cache le sexe » (20). François Ginet-Donati souligne que le geste d'Adam est reproduit au tympan du portail du prieuré d'Anzy et au linteau du porche de Neuilly-en-Donjon (21).
Chapiteau 3
pour François Ginet-Donati, ce chapiteau représente la tentation ; il voit « un moine assis portant sur ses genoux une sphère qu'il couvre de ses mains. Le globe étant le symbole du monde, symbole de puissance ou d'éternité » (22). Les animaux entourant le moine seraient des démons. Il ajoute qu'on retrouve « cette composition au porche de l'église de Neuilly-en-Donjon ». Pour Neil Stratford, Marcello Angheben et Raymond Oursel, il s'agit de Daniel dans la fosse aux lions (23).
« Daniel figure à l'angle droit où il est flanqué de deux lions redressés qui lui lèchent l'épaule. Un troisième lion apparaît sur la face latérale gauche » (24). Neil Stratford suppose que la tête de Daniel date de l'installation des chapiteaux dans la nouvelle abside : « Le chapiteau est couvert d'une peinture jaune, si bien que la jonction de la nouvelle tête avec le torse ancien n'est pas visible » (25).
Chapiteau 4
il s'agit de la scène où le prophète Habacuc vient nourrir Daniel qui a été jeté dans la fosse aux lions pour la seconde fois. « D'une main, l'ange situé à droite soulève le prophète par les cheveux et, de l'autre, il porte ce qui pourrait être un pain. Quant à Habacuc, il tient un vase et une sorte de corne à boire » (26). Raymond Oursel note une ressemblance dans la composition avec le chapiteau de saint Michel combattant d’Anzy et le chapiteau du sacrifice d'Abraham de Cluny (27).
L'attribution des chapiteaux de Melay par l’ensemble des spécialistes à l'atelier du Donjon situe leur réalisation dans les années 1110- 1130 selon la chronologie établie par Matthias Hamann.
Inventaire mobilier
La statuaire en plâtre polychrome, de style Saint-Sulpice, représente quelques-uns des saints les plus vénérés par la piété populaire. Aux côtés du Sacré-Cœur, de la Vierge Marie et de saint Joseph, on retrouve des saints très présents dans les églises du Brionnais : saint Antoine de Padoue et sainte Jeanne d’Arc. De part et d’autre de l’entrée du chœur, deux autels latéraux sont dédiés, à la Vierge Marie (à gauche) et à saint Martin, patron de la paroisse (à droite).
L’autel majeur, dans le chœur, est orné d’un bas-relief représentant le repas de la Cène. Dans la chapelle néo-gothique, un grand tableau évoque la dévotion au Cœur de Jésus.
Une série de vitraux, très colorés, figurent, dans la nef : l’Immaculée-Conception, saint Louis de Gonzague, sainte Thérèse de Lisieux, l’Apparition de la Vierge à Bernadette Soubirous, et enfin celle du Sacré-Cœur à sainte Marguerite-Marie Alacoque. Le vitrail de la fenêtre axiale représente la donation des clefs, par le Christ, à saint Pierre entouré d’un groupe d’apôtres.
Pour conclure
L'église paroissiale de Melay a été profondément remaniée. De l’église romane ne reste plus que la travée de chœur au sein de l'église du XIXe siècle, ainsi que quatre colonnes en remploi avec leurs chapiteaux et bases sculptés. A la fin du XIXe siècle, la travée de chœur romane est devenue un porche. La restauration de 2012 a bien mis en valeur la partie médiévale de l’édifice.
Patrimoine local
Château de Maulévrier (15ème-17ème siècles) :
Isolé, dans une clairière de défrichement, le château de Melay est un beau manoir constitué de plusieurs bâtiments en U sur une plate-forme rectangulaire de 30 x 37 m, entouré de fossés en eau, ouvert vers l'est, face à une belle vallée. Il est construit en brique, sous toit de tuiles. Les nombreuses fenêtres bouchées témoignent que les bâtiments actuels, ouverts de baies modernes, sont les vestiges de bâtiments plus anciens. Le corps de logis principal occupe le côté ouest de la plate-forme. Il est constitué d'un bâtiment moderne à un étage carré et un étage de comble. Au nord, il se prolonge d'une part par un tronçon de bâtiment visiblement plus ancien, à deux étages carré, qui semble de vestige d'une ancienne tour médiévale, puis par un gros pavillon d'angle, sous toiture à ressaut. Le côté sud de la plate-forme est fermé par un bâtiment étroit bâtiment en retour d'angle. Le côté nord, sur le cadastre de 1838, était également fermé par un bâtiment en retour d'angle, qui s'appuyait à l'est sur une tour carrée. La trace de cette tour est conservée dans le plan de la plate-forme, qui est revêtue d'un mur de brique. La porte, à l'est, ouvre sur une terrasse rectangulaire bordée de murs de soutènement sur 3 côtés, et cantonnée de deux tourelles basses. Au sud du château, les communs forment un grand corps de bâtiment autour d'une cour carrée indépendante, édifié dans un axe différent de celui du château. Protection Monument Historique : les façades et toitures, y compris les soubassements ; fossés ; pont dormant ; escalier tournant et porte à claire-voie du 16e siècle (cad. L 27, 28, 299) sont inscrits par arrêté du 24 janvier 1991.
