Chapelle de Montmegin
Adresse | Montmegin, 71110 Semur-en-Brionnais, France | |
Teritoire | Le Charolais Brionnais | |
Coordonnées géographique | 4.0956, 46.2831 | |
Paroisse de rattachement | Paroisse Saint-Hugues-en-Brionnais-Bords-de-Loire | |
Protection Monuments historiques | Non |
Présentation
La chapelle de Montmegin est située dans la commune de Semur-en-Brionnais, dans le département de la Saône-et-Loire, en Bourgogne-Franche-Comté. Administrativement, la commune de Semur-en-Brionnais fait partie du canton de Chauffailles et de la Communauté de communes de Semur-en-Brionnais. C’est une ancienne église paroissiale romane qui a été très fortement restaurée au début du XXIe siècle. Elle possède aujourd'hui le statut de chapelle. Elle est placée sous le vocable de Saint-Fiacre.
Saint Fiacre est né v. 590 dans le Connacht, près de Kilkenny et mort le 30 août vers 670, est un moine herboriste anachorète. Irlandais de noble origine, il fonda près de Meaux un monastère épiscopal, où il est enterré. Il est le patron des jardiniers et est fêté le 30 août. (2)
Etymologiquement, Montmegin viendrait de Mons avec un adjectif medianus, dérivé du latin medius. Mons medianus serait la montage du milieu. (3)
Description architecturale
Les sources relatives à Montmegin n'ont jamais été recensées. L'église a été décrite par Raymond Oursel en 1956 et Matthias Hamann en 1998, donc avant les importantes restaurations des années 2000 : en 1956, l'église est encore debout, mais en 1998 elle est très endommagée. Raymond Oursel date l'église de la deuxième moitié du XIe siècle, tandis que Matthias Hamann et Nicolas Reveyron situent sa construction dans le premier quart du XIIe siècle (6).
L'église est située au cœur de la forêt domaniale des Charmays, à Semur-en Brionnais. L'église est orientée. Elle possède une nef unique ouvrant sur une travée de chœur terminée par une abside. La longueur totale dans-œuvre est de 15,13 m. L'édifice est le fruit d'une restauration de grande ampleur conduite au début du XXIe siècle.
La nef est longue de 6,95 m et large de 5,55 m dans-œuvre. Les murs gouttereaux ont été en grande partie réédifiés lors de la restauration des années 2000, la charpente et la couverture ont été complètement refaites à cette occasion. En façade, c'est essentiellement le pignon qui a être repris et notamment les chaînes d'angle. La façade présente un portail rectangulaire couvert par un linteau dont la forme est grossièrement celle d'un linteau en bâtière. Au centre est sculptée une croix en bas-relief. Anne-Marie Oursel signale que ce linteau porte l'inscription « 1852 REFAI » (11). Au-dessus du portail était percée une baie en plein-cintre, très étroite à l'extérieur et ébrasée vers l’intérieur ; elle a été remplacée par une ouverture plus grande après 2005. Les murs gouttereaux de la nef ne possèdent pas de baies. La nef n'eut jamais de voûte maçonnée (12). L'arc triomphal a été réédifié au moment de la restauration : les piédroits étaient encore debout, ils ne supportaient plus que les sommiers et quatre voussoirs de l'arc au sud. Raymond Oursel vit l'arc triomphal avant sa destruction, il le décrit ainsi : « une arcade en plein-cintre dont les impostes sont moulurées d'une bande et d'un chanfrein surmonté d'un filet ».
La travée de chœur est profonde de 2,60 m et large de 5,13 m. Au moment de la restauration des années 2000, elle conservait ses murs latéraux, mais avait perdu son couvrement et sa couverture. Raymond Oursel la visita lorsqu'elle possédait encore son berceau plein-cintre. Celui-ci a été restitué non pas en maçonnerie mais en bois. La travée de chœur est éclairée au nord et au sud par des baies en plein-cintre identiques, écrit Raymond Oursel, à celle de la façade de la nef. Il s'agit en effet de baies en plein-cintre, étroites à l'extérieur et ébrasées à l'intérieur. Leur encadrement est constitué de blocs de pierre taillés dans du calcaire à entroques. L'appui de la baie du mur sud semble avoir été conçu pour une autre baie car il est légèrement trop large. Les piédroits de la baie nord datent de la dernière restauration.
L'abside est profonde de 4,25 m et large de 4,64 m. Lors de la restauration des années 2000, malgré d'importantes lézardes, elle conservait ses murs et sa voûte en cul-de four. Elle ne possédait qu'une baie, au nord, alors que Raymond Oursel vit trois baies en 1956. La baie sud a été rouverte au moment de la restauration, tandis que la baie axiale est toujours bouchée. Au-dessus de la baie sud, un bloc ressemble à un appui de baie, il doit s'agir d'un bloc en remploi, il a les mêmes dimensions que l'appui de la baie axiale. À l'extérieur, l'abside est épaulée par deux contreforts placés de part et d'autre de la baie axiale, on observe également la base d'un contrefort à la jonction entre l'abside et la travée de chœur, au nord. La corniche de l'abside est portée par des modillons nus.
Le clocher actuel date de 2002 mais il prend pour modèle le clocher d'origine dont on possède des descriptions par François Ginet-Donati en 1934 et le docteur Edgar Ducroux en 1945 (13). Il s'agissait d'un clocher-mur à deux baies édifié au-dessus de l'arc triomphal. Les arcs en plein-cintre des deux ouvertures étaient portés au centre par une colonnette surmontée d'un chapiteau. Le visiteur de 1768 parle du « petit campanier au bout du chœur sur la nef, à deux cloches ».
Les murs de l'église ayant été en grande partie remontés, l'analyse des maçonneries est limitée. Raymond Oursel évoque un « blocage rudimentaire ». Actuellement, les murs présentent un blocage de blocs bruts (calcaire à entroques) et de roches éclatées (les chailles). Sur une photographie prise avant restauration, le mur nord de la nef est en partie écroulé, et cet écorché permet d'observer la maçonnerie : deux appareils de revêtement enserrent une fourrure constituée de blocs de tout venant noyés dans du mortier. Les photographies anciennes attestent que l'arc triomphal et l'arcade ouvrant sur l'abside étaient construits en pierres de taille, de même que l'encadrement des baies.
En conclusion
Avant la Révolution, Montmegin était une paroisse indépendante de celle de Semuren-Brionnais. L'église paroissiale de Montmegin n'est attestée dans les textes qu'à partir du XVIIe siècle, mais une chapelle est conservée et, bien qu'elle ait connu d'importantes dégradations et une lourde restauration, elle est manifestement romane. C'est un petit édifice très simple - nef unique, travée de chœur, abside - et dépourvu de décor sculpté. Les indices sont minces pour proposer une datation puisque beaucoup d'éléments, comme les baies ou l'arc triomphal, ont été remontés. Replacé dans le contexte de la création architecturale en Brionnais, l'hypothèse d'un chantier du premier quart du XIIe siècle est valable.
Etat & rénovations
1768
Lors de la visite pastorale, il est mentionné que les murs, la charpente et la couverture « sont en bon état ayant été réparés depuis peu ». Le visiteur note également le « bon état » de la voûte du chœur, du clocher et des vitraux. Il ajoute que la nef est « lambrissée à neuf ».
Fin du XIXe siècle
On possède une photo de l'église, vue du nord-est, prise par le frère Maxime Dubois (7). L'église est encore debout, mais une dense végétation pousse à ses abords. Deux contreforts massifs ont été édifiés au nord de la travée de chœur et de l'abside à une époque indéterminée. Ces éléments ont été retirés au cours de la restauration des années 2000.
Années 1940-1950
En 1945, l'église a besoin de réparations (notamment à la suite des dégâts causés cette année-là par le gel : la toiture est à refaire, les pierres des contreforts à rejointoyer), mais l'abbé Jean Dhiry, professeur au Petit séminaire de Semur, y célèbre encore la messe deux fois par mois. Raymond Oursel décrit la chapelle dans son ouvrage de 1956 (8).
Années 1960
Des photographies prises en 1968 montrent que des contreforts de fortune, en bois, ont été installés pour épauler le mur sud, notamment à la jonction entre la nef et la travée de chœur.
Années 1970-1990
En 1972, Anne-Marie Oursel, dans sa fiche de pré-inventaire écrit que la chapelle est désaffectée, en très mauvais état et menace d'une ruine prochaine. La nef est pratiquement à ciel ouvert. Le clocher est sur le point de s'écrouler. Elle visita probablement l'église avant 1972 car à cette date, le clocher s'était écroulé depuis deux ans. Le CEP conserve dans son classeur d'inventaire deux photographies, l'un du clocher en 1969 dans un état de délabrement avancé, l'autre prise en 1970 montre la couverture de la nef éventrée après l'effondrement du clocher.
Des photographies prises par Anne-Marie Oursel dans les années 1990 montrent l'église en ruine. Il n'y a plus ni charpente ni couverture hormis le cul-de-four. Il n'y a plus d'enduit à l'intérieur sauf dans l'abside. Au sud, une partie des murs de l'abside est enfoncée. C'est l'état dans lequel Matthias Hamann vit la chapelle : « L'édifice est en grande partie détruit : le toit de la nef est effondré, la calotte de l'abside est encore en élévation mais présente de grosses lézardes, et le mur est écroulé dans sa partie centrale ; seul le côté sud de l'édifice est encore partiellement intact, mais présente également des grosses fissures ».
La restauration : 1996-2008
Nous reproduisons ici le texte rédigé par l'association de sauvegarde de la chapelle. En 1996, « une équipe de jeunes scouts, bravant les ronces et les vipères, s'est investie à défricher et à nettoyer l'intérieur et l'extérieur de ce monument. Prise de conscience des habitants du hameau [...] : une association de sauvegarde se crée fin 1996 et des travaux d'étayage de la voûte sont effectués en mars 1997. Les bénéfices des repas champêtres organisés chaque année en août nous ont permis de ceinturer la totalité de l'abside et de la nef par des chaînages invisibles en béton armé. Les parties de murs est et ouest effondrées furent reconstruites à l'identique. Une dalle de béton armé de 12 cm d'épaisseur recouvre maintenant l'abside reliant de ce fait les murs du pourtour et rendant ainsi à l'édifice sa robustesse d'antan. Le déblaiement des contreforts disgracieux devenus inutiles, le chaînage du pignon sud et la remise en place de la croix furent l'objet des travaux de l'année 1999. L'élévation du cintre de la nef, la ceinture du pignon sud, la taille et la pose des pierres sous sablières représentent nos travaux de l'an 2000. Août 2001, le cintre de la nef est terminé avec au centre le piédestal prêt à recevoir le clocher. Nous avons pris soin de relier à la voûte de l'abside le clocher par un linteau en béton armé qui est invisible. Nous pensions réutiliser la majeure partie des pierres fracturées du campanile mises en dépôt par un bénévole. Le très mauvais état de ces matériaux gélifs nous oblige à commander la taille d'un clocher neuf en pierre de Jeumont chez le tailleur de pierre local Gérard Benin de Poisson. 16 février 2002, les échafaudages [...] sont élevés de part et d'autre du cintre. Le clocher divisé en six blocs d'un poids total de cinq tonnes est hissé sur la voûte à l'aide d'une grue routière [...]. Les cloches prennent possession du campanile. Juin à novembre 2002, les travaux de charpente et de couverture sont entrepris par l'entreprise Labarge aidée par des bénévoles ; la chapelle dépourvue de toiture depuis 33 ans retrouve désormais son visage d'antan.
Au cours du printemps 2003 et de l'été 2003, sont réalisés les travaux des boiseries en cintre de la partie intermédiaire entre le chœur et la nef, l'installation de l'équipement électrique et la sonorisation de la chapelle, le piquage des vieux enduits et la réalisation des crépis intérieurs [...]. Pendant l'hiver 2003 et au printemps 2004, les pierres tombales axiales sont recalées, un hérisson de pierre de 30 cm d'épaisseur assure l'assainissement du nouveau sol de la chapelle. Avant le coulage du béton de propreté, deux bouteilles scellées renfermant le peu d'histoire connu de ce lieu, le contenu et la périodicité des travaux entrepris, les noms et adresse des bienfaiteurs et des bénévoles sont enterrées devant la première et dernière pierre tombale. Le revêtement de pierre de Buxy est disposé de façon à laisser apparaître les quatorze stations du chemin de la Croix dans la nef et le rayonnement de l'autel ombré par les sept péchés capitaux au chœur [...]. 2005 est l'année de la lumière avec le branchement électrique. L'année 2006 assure l'embellissement de la chapelle par la réfection de la fresque et la confection des vitraux par Rachid Ben Lahoucine de Colombier en-Brionnais. Ils représentent la nature environnante, l'eau, le pain et le vin [...]. En mai 2008, le pignon sud présentait extérieurement des gonflements anormaux et de nombreux désordres dans l'appareillage des pierres. Le parement du mur extérieur dans sa totalité fut démonté et rebâti à l'identique, de ce fait l'éclairage naturel de la chapelle est amélioré par le vitrail symbolisant la paix (9). Courant octobre le jointoiement extérieur des murs nord et est fut effectué, la pierre commémorative scellée au-dessus des fonds baptismaux et les panneaux d'affichage posés » (10).
Patrimoine local
L’église Saint-Hilaire et la chapelle de Saint-Martin-la-Vallée sont deux églises romanes à ne pas manquer sur la commune de Semur-en-Brionnais.
Sources
- Xe Le pouillé contient le début d'un nom « Mont [...] » qui pourrait correspondre à Montmegin.- Xe Le pouillé contient le début d'un nom « Mont [...] » qui pourrait correspondre à Montmegin.Source : Pouillé 1Biblio : HAMANN 2000 a. Olivier Bruand réfute l'hypothèse qu'il puisse s'agir de Montmegin car il observe que les noms sont énumérés suivant un parcours cohérent qui exclut la mention de Montmegin entre Digoin et Vitry (14). Deux remarques s'imposent. Premièrement, le nom mentionné après Mont... est tronqué et renvoie plus certainement à Vindecy qu'à Vitry (LONGNON (éd.), 1904, p. 64, note 1). Deuxièmement, si la liste suit globalement un parcours cohérent, cela n'empêche pas de passer d’Amanzé à Anzy-le-Duc par exemple. Dès lors, le saut de Digoin à Montmegin est envisageable.
- XIVe Mention de la capella Montis Megini sous le patronage de !'archiprêtre de Semur.Source : Pouillé antérieur à 1312Remarque : dans le pouillé figure également une église Mons Megin sous le patronage du prieur de Saint-Germain-en-Brionnais. Les données sont confuses. Il paraîtrait plus logique que l'église placé sous le patronage de l'archiprêtré corresponde au Montmegin qui nous occupe et que l'édifice ait le statut d'ecclesia.
- 1666 Mémoire donné par le curé. Collateur : prieur de Marcigny.Source : ADSL- 2G 1
- 1692 Visite pastorale de l'église paroissiale Saint-Vincent, sous l'épiscopat de Gabriel de Roquette. Le curé de Montmegin est un chanoine du chapitre de Semur.Source : ADSL- G 941
- 1757 Réponse donnée par le curé de Sainte-Foy lors de l'enquête lancée pour établir la carte de Cassini. « Il y a encore une autre petite paroisse dans ce bois (15) vis-à-vis Semur, c'est la paroisse de Montmegin, très petite église située à trois quart de lieue nord-ouest de Semur, elle est desservie par le curé de Sainte-Foy, elle dépend du roi, située dans les bois appelés les bois du Roi. Il y a sept ou huit mauvaises maisons éparses çà et là qui composent toute la paroisse ».Source éditée : DESSERTENNE, GEOFFRAY (éd.), 2010, p. 173Remarque : Louis Petignon de Montmegin, dans la deuxième moitié du XVIIIe siècle, confirme les propos recueillis pour la carte de Cassini : « Très petite paroisse desservie par le curé de Sainte-Foy »; l'abbé Courtépée de même, en 1774. Montmegin est encore citée comme paroisse annexe de Sainte-Foy en 1783 (BOURQUIN 2007, p. 138).
- 1768 Visite pastorale de l'église paroissiale Saint-Vincent par le grand vicaire d’Autun.Patron et nominateur : le chapitre de Semur Source : ADSL- 11G 13, 2e série
- 1825 Représentation de l'église sur le cadastre.Source : ADSL- cadastre napoléonien : Semur-en-Brionnais, section Al, n° 134
Notes
1 : L’ensemble du texte sur l’église de Saint-Martin-la-Vallée (historique et description architecturale) a été rédigé en reprenant la notice de : Nicolier, Anelise, La construction d’un paysage monumental religieux en Brionnais à l’époque romane, thèse de doctorat, Lyon 2, Tome 3, Vol. 3, Corpus, p. 185-203, 2015.
2 : https://fr.wikipedia.org/wiki/Fiacre_(saint)
3 : ROSSI, Mario, Les noms de lieux du Brionnais-Charolais, témoins de l’histoire du peuplement et du paysage, éd. Publibook, Paris, 2009, p.423.
4 : ADSL - 2G 1.
5 : BOURQUIN 2007, p. 138.
6 : OURSEL R. 1956 ; HAMANN 2000 a ; REVEYR0N 2008 a, note 33
7: ADL- 8 Fi 155 (cote numérisée: 427).
8 : OURSEL R. 1956.
9 : Ce vitrail est placé dans la baie du mur sud de la travée de chœur.
10 : Texte consultable à l'adresse http://pjpmartin.free.fr/site/Montmegin.htm. Voir les photos affichées dans l'église par l'association de sauvegarde.
11 : Cette inscription n'est presque plus lisible aujourd'hui.
12 : Une photographie prise lors des travaux de restauration des années 1990 montre le revers de la façade. En partie haute du mur l'enduit dessine un arc de cercle, témoin d'une voûte disparue. La nef de Montmegin ne fut jamais couverte par une voûte maçonnée, en revanche il n'est pas impossible que la charpente ait au cours des siècles été masquée par un lambris adoptant la forme d'un berceau. Par exemple, le procès verbal de visite pastorale de 1768 indique que « le lambris de la nef de l'église a été fait à neuf ».
13 : GINET-DONATI 1934 a ; Dr. Ducroux : ADSL – 1 Fi 27/69.
14 : BRUAND 2009, p. 47.
15 : « Bois Griau qui se trouve entre Sainte-Foy, et le château de Lafay paroisse de Semur ».